Opinion : la chute de la couronne d’Emmanuel Macron

Des mannequins brûlés à l’effigie de M. Macron et une tension palpable sur le territoire, on peut dire que la côte de popularité de notre cher Président est en chute libre. Comment en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi est-il soudain tendance de maudire Emmanuel Macron ?

Des montagnes d’ordures, des poubelles en flamme, des grèves toutes les semaines… Nous l’avons bien compris, les Français sont en colère. Mais pour quelles raisons ? La réforme des retraites seulement ?

Il était une fois, un président qui se croyait Roi et un gouvernement qui lui obéissait au doigt et à l’œil. Malheureusement, cette histoire dépasse la fiction. Tout a commencé avec les gilets jaunes, des manifestations qui ont duré près d’un an pour quelles solutions ? En 2019, le gouvernement a instauré une revalorisation de la prime d’activité, une prime exceptionnelle et les heures supplémentaires défiscalisées.

Des solutions à court-termes

Une tendance de la part du gouvernement s’est ainsi installée : trouver une solution lorsque le sujet en question crée un buzz médiatique. Il est donc nécessaire qu’un thème soit à la mode pour que le gouvernement agisse. Ce qui pourrait être une bonne chose après tout, les médias seraient comme un tremplin en matière de droit social. En réalité, la solution s’annule dès lors que l’essor médiatique s’affaiblît.

L’essence en est un exemple concret : le prix à la pompe a explosé fin 2018. Comme solutions, nous avons eu droit à des primes occasionnelles pour les ménages précaires, un prix de l’essence plafonné qui est reparti à la hausse aussi sec, une réduction de 15 centimes par litre, pour finalement débourser plus de 2 euros le litre d’essence. Si les Français en ont assez, c’est en effet liées à ces solutions à court-termes qui devraient être appliquées durablement.

Une seconde raison à la baisse de popularité de M. Macron, il est vrai qu’il n’apprécie guère la remise en question et que l’on discute ses décisions. Le 21 mars, il a déclaré que la “foule” n’a pas de “légitimité” face aux élus. Des propos qui ne sont pas passés, surtout dans une dynamique de grèves incessantes. Le 27 mars, il ajouta également que les Français sont ingrats : « On est le gouvernement qui a le plus payé, et personne ne nous dit merci » en oubliant que les liquidités largement dépensées lors de la crise du Covid et le « quoi qu’il en coûte » proviennent de l’argent public et donc, de nos impôts.

La population ne se sent pas comprise et écoutée, surtout après l’utilisation presque hebdomadaire du 49.3. Petit rappel : l’article 49 alinéa 3 permet de faire passer une loi sans qu’elle soit votée par les députés. La réforme des retraites, l’objet de compromis depuis des mois, étant passée avant même d’être soumise à un vote. Ce fonctionnement commence à ressembler de plus en plus à un régime princier qu’à une démocratie.

Qu’en est-il de la démocratie ?

La France est pointée du doigt par le Conseil de l’Europe concernant les violences policières exercées lors des manifestations. Au cas où vous l’auriez oublié, ce fut de même lors des manifestations des gilets jaunes. Le gouvernement français fut mis en alerte par l’ONU, qui a par la suite entraîné une enquête pour “usage excessif de la force”. De nombreux manifestants dont des lycéens et des personnages âgées ont été gravement blessés par des tirs de balles de défense communément appelées « flashball ». Les manifestations actuelles étant relativement pacifiques, le recours à la violence n’a donc pas sa place.

Quelle est la réponse du gouvernement face aux violences policières ? Gérald Darmanin apporte son soutien auprès des policiers blessés par des « casseurs ».

En réalité, près d’un millier de policiers blessés d’après le Ministère de l’Intérieur mais aucun chiffre parmi les manifestants. 17 enquêtes ont été ouvertes par l’IGPN, la police des polices, après le scandale des Brav-M, une brigade de police à moto qui a été créée lors des manifestations des gilets jaunes contre les casseurs. Un enregistrement audio extrêmement agressif et menaçant a été obtenu par Le Monde et Loopsider : « Tu en veux une ? On va te remettre la mâchoire droite. […] La prochaine fois qu’on te voit, tu vas monter dans un autre truc qui s’appelle l’ambulance pour aller à l’hôpital. »

Entre l’intervention de Gérald Darmanin qui défend les policiers, le Président qui souhaite « passer à autre chose » et ferme les yeux sur les manifestations, le gouvernement n’a pas le vent en poupe.

Une solution : interdire le recours au 49.3 

C’est une proposition du député EELV (Europe Ecologie Les Verts) Jérémie Iordanoff explique le Figaro. Le 13 mars, le parti écologiste a déclaré que le 49.3 nuit à la « crédibilité du système démocratique dans son ensemble ». Le but étant de faire pression sur le gouvernement car tous craignaient un passage en force de la réforme des retraites, ce qui fut malheureusement le cas le 16 mars. Une décision qui apparaît intéressante, en effet si le 49.3 est toujours à portée de main, le gouvernement continuera probablement à l’utiliser dès l’horizon d’un désaccord de l’Assemblée.

Pourquoi cette baisse de popularité soudaine ?

Si nous prenons en compte les abstentionnistes, 20% des inscrits seulement ont voté pour E. Macron au premier tour en 2022, pendant qu’au second tour, 38,5% des inscrits ont déposé son bulletin dans l’urne, dont un certain nombre afin de « contrer l’extrême-droite ». M. Macron ne faisant pas partie du RN certes, il a toujours mené une politique autoritaire et libérale.

Pourquoi la population semble le découvrir maintenant ? La gestion de la crise Covid et la guerre en Ukraine sont directement liées à une inflation historique. La colère est telle qu’elle fait ouvrir les yeux à certains, la réforme des retraites est en effet l’élément déclencheur, la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Le règne discret mais bien présent de la “monarchie Macron” touche à sa fin, même s’il ne s’arrêtera sûrement pas là. Affaire à suivre…

Le débat continue en commentaires ! N’hésitez pas à partager votre avis sur le sujet.

Sources : RTL, Le Figaro, Le Monde, gouvernement.fr, France 24, Libération, Franceinfo, Loopsider

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